Michel Rolland : Flying WineMaker

Michel Rolland est un des œnologues les plus en vue du Bordelais. Pas seulement parce qu’il contribua comme conseil à l’incroyable percée du « vin de garage« . Surtout parce que son expérience d’œnologue, en particulier dans la vinification des merlot, a fait le tour de la planète viticole. On le sollicite désormais partout dans le monde, surtout dès lors qu’il s’agit de ce cépage qu’il côtoie depuis toujours sur l’exploitation familiale.

Aujourd’hui propriétaire de cinq châteaux sur Pomerol et Saint Emilion (Le Bon Pasteur à Pomerol, Bertineau St-Vincent à Lalande de Pomerol, Rolland -Maillet à St Emilion, Fontenil à Fronsac et La Grande Clotte à Lussac), il anime surtout un laboratoire d’œnologie à Pomerol où il compte quelque 700 clients, parfois les propriétaires de châteaux exceptionnels comme Smith Haut Lafitte, Pontet Canet, Pape Clément, l’Angélus ou Haut Brion.

Il intervient aussi comme consultant en Argentine (Trapiche, Norton, Domaine Vistalba), au Chili (Casa Lapostolle), aux Etats-Unis en Californie (Newton, St Supery, Harlan Estates, Araujo, Staglin, Franciscan-Magnificat, Quintessa, Mont Veeder, Simi), ainsi qu’en Espagne, en Hongrie, en Italie, en Afrique du Sud et jusqu’en Inde.

Rencontre avec ce grand ambassadeur du vin en général, et du Merlot en particulier.

A travers mes voyages à l’étranger où les vins de cépages sont plus répandus. Principalement au Chili à Casa Lapostolle et à Newton en Californie.
Un consultant doit avoir une qualité, celle de s’adapter : à Pomerol et Saint-Emilion nous vinifions le Merlot pour l’assembler avec du Cabernet Franc ou un peu de Cabernet Sauvignon. Dans les pays du nouveau monde, il faut faire des vins de cépages mais l’approche n’est pas très différente. On recherchera peut être un peu plus de caractère de fruit et de fraîcheur. Donc une bonne maturité, mais pas trop poussée. Au lieu d’imaginer l’assemblage avec un autre cépage, on créera par la vinification des lots ayant des personnalités différentes, plus de fruit, plus de corps, plus de tannins, afin de pouvoir en final créer un assemblage.

La vinification et l’élaboration du vin doivent toujours tenir compte des lieux et de la notion de terroir. Il n’y a jamais deux endroits identiques. Mais tous ont des potentialités, il suffit de les repérer et de les exploiter au mieux.
Avec le même principe on fera plusieurs types de vinifications pour avoir des vins avec différents caractères. L’assemblage fera le reste, à condition que le propriétaire soit décidé à faire le meilleur et non pas le maximum. Heureusement pour Casa Lapostolle et moi c’était le cas, et j’avais carte blanche.

Dans l’élaboration d’un bon vin ou d’un grand vin, le travail commence au vignoble et se poursuit tout au long de la chaîne, du traitement du raisin, à l’élevage. La typicité est en relation avec le sol et le climat et ce n’est jamais l’œnologue qui la façonne, il peut tout au plus exploiter au mieux le potentiel, mais il ne peut pas changer complètement la personnalité du cépage dans un lieu donné.

Il faut préciser qu’avec de très bons endroits, nous faisions particulièrement à Casa Lapostolle un travail important dans le vignoble, jamais réalisé au Chili. Nous exploitons en dry-farming (sans irrigation) ou alors avec des quantités très réduites. Toutes les vignes sont palissées avec une surface importante de feuillage. Nous pratiquons les vendanges vertes et l’effeuillage sur l’ensemble du vignoble. Les recettes sont assez simples, il suffit de les appliquer correctement, et ce n’est malheureusement pas très répandu.

Le Merlot sera dans les bons cas toujours plus charnu, souple, avec des tannins puissants mais soyeux.
A Bordeaux il aura des caractéristiques un peu différentes en fonction des sols et de l’âge du vignoble. On recherchera le volume et la souplesse, pour assembler avec des cabernets. Un Merlot de cépage devra être plus complet, puisqu’il n’y a pas théoriquement la synergie de l’assemblage. Il faut savoir que la France est le seul pays dans lequel un vin de cépage doit être à 100 %. Tous les autres pays considèrent que l’on peut marquer le cépage sur l’étiquette à condition que le vin renferme 75 % ou 80 % du cépage indiqué. C’est globalement beaucoup plus intelligent et cela permet de donner au vin un peu plus d’âme.

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