Le Merlot est le cépage noir le plus cultivé de Gironde où il couvre 32000 hectares à côté des 17200 hectares de cabernet sauvignon. Son succès est indissociable du Libournais :il entre à 80% dans la composition des pomerols (jusqu’à 95% pour le plus recherché d’entre-eux, le Château Petrus si cher à la famille Kennedy).
Depuis la seconde moitié du XIXème siècle, il ne cesse de conquérir de nouveaux vignobles. Largement implanté dans tous le sud-ouest – sa superficie cultivée est passée de 17 000 à près de 93 000 hectares en quarante ans ! – il fait partie de l’encépagement rouge de la plupart des Vins de Bordeaux, Bergerac, Pécharmant, Côtes de Duras, Côtes du Buzet, Côtes de la Malepère, Côtes du Marmandais … Il a également été introduit avec succès en Italie du Nord, en Suisse, au Chili, en Californie et jusqu’en … Russie.
Pourtant, on connaît peu de chose sur son origine. Bien que la vigne ait été implantée en Gironde par les légions romaines peu de temps avant J.C. (Les vins de Burdigala – Bordeaux – mentionnés par Pline l’Ancien, puis par le poète Ausone) il faut attendre le XVIIIème siècle pour que s’impose la légende du bordeaux rouge telle que nous la connaissons. En effet, le siècle des Lumières est celui de la chimie et des découvertes œnologiques. Les notions géologiques de terroirs sont de mieux en mieux comprises, on expérimente de nouvelles méthodes de vinification et de sélections de cépages. Pinot, Cabernet, Grenache et bien sûr Merlot qui, en 1789 sera recensé pour la première fois dans la collection du Jardin du Luxembourg sous le nom de « Bigney Rouge ».
Le vignoble moderne est en train de naître.Les vins du Bordelais, longtemps consommés sous la forme de clarets, se transforment peu à peu en vins de garde, plus riches et plus foncés. Parallèlement, l’économie des propriétés viticoles du bordelais est en pleine mutation. A la tête des domaines, nobles et ecclésiastiques cèdent la place à une bourgeoisie commercialement plus offensive. Le XIXème siècle sera pour le merlot celui de la conquête européenne. En 1855, il est consacré avec d’autres cépages bordelais dans le célèbre classement des Grands Crus de Médoc, initié par Napoléon III. En pleine Entente Cordiale, celui-ci vient d’instaurer avec la reine Victoria une politique de libre-échange. A Libourne, des quais de la Dordogne on embarque pour l’Angleterre les barriques de Saint-Emilion et de Pomerol. Les corréziens, nombreux, fixés dans la région vont jouer un rôle décisif dans la sélection/commercialisation du Merlot. Ils deviennent peu à peu propriétaires des plus prestigieux domaines et créent le deuxième pôle de commerce des vins après Bordeaux… L’extension du cépage noir peut commencer. Un siècle plus tard, il sera omniprésent sur les terres calcaires de Saint-Emilion et les graviers sur argile de Pomerol.
Omniprésent malgré le terrible hiver 1956 qui détruit 60% des vignes de merlot. A peine replantées, c’est une attaque de pourriture qui les ravage… Le vignoble renaît peu à peu et au début des années 70′, une poignée de vignerons californiens expérimente les assemblages cabernet/merlot.
Ils découvrent que le Merlot, seul, produit un vin séduisant, rond et fruité, qui rencontre immédiatement les faveurs du grand public américain. Une certaine standardisation du goût aidant, le merlot devient le cépage « à la mode » et part à la conquête du Nouveau-Monde. Son adaptation rapide à de nombreux types de terroir, ses rendements importants, la rondeur qu’il amène au vin expliquent en partie son implantation bien au-delà des frontières du Libournais. Et puis l’histoire continue : trente ans de recherches épidémiologiques viennent de révéler qu’au delà de l’effet antioxydant des polyphénols (« the French Paradox »), le merlot posséderait des vertus cicatrisantes !
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